Stéphane Drolet

Paru le vendredi 31 août 2018

”La donnée de base d’une mise en scène du réel, c’est : comment traverser les dix mètres qui me séparent de l’autre, comment arriver dans le même espace.” – Johan van der Keuken

Je rêvais de voyager et de raconter des histoires : je participe donc à la Course Amérique-Afrique, en 1989-1990, diffusée par Radio-Canada. Dans ces temps anciens où l’on envoyait nos cassettes vidéo par la poste, j’ai voyagé six mois à la rencontre de l’autre en réalisant un court métrage par semaine. À ce rythme effréné, avec les amitiés inattendues qui se multiplient, je découvre le cinéma documentaire.

J’ai eu par la suite le grand privilège d’être recruté au sein de l’équipe des cinéastes du Programme français de l’Office national du film. J’y ai vécu des expériences qui m’ont profondément marqué : être stagiaire pour Pierre Perrault et porteur de trépied pour ses légendaires caméramans Bernard Gosselin et Martin Leclerc, monteur sous le mentorat de l’avant-gardiste Fernand Bélanger, ou encore, en étant responsable d’un projet collectif sur le référendum de 1995, apprendre de la générosité et du savoir-faire de maîtres du documentaire, tels Diane Carrière et Martin Duckworth, artiste du son et de l’image.

Les films documentaires que j’ai moi-même réalisés m’ont permis d’assister à la naissance de la démocratie au Mali, de suivre la passion d’un horloger québécois jusqu’en Suisse, de faire la chronique de la vie montréalaise d’un mécanicien d’origine burkinabé, etc.

Aujourd’hui cinéaste indépendant, je désire à mon tour transmettre par l’enseignement un «petit peu» de ce «beaucoup» que j’ai reçu.